« En juin 2019, en redescendant de Manucoco, un pic du massif d'Atauro, au Timor oriental, j'ai fait une chute de sept mètres. Bilan, épaule gauche salement amochée, talon droit et trois doigts fracturés, avant-bras droit si abîmé que les chirurgiens ont dû prélever un morceau d'os dans ma hanche pour le réparer.
Le jeune Timor-Est à la croisée des chemins
Publié le 2024/08/09
TRIBUNE DE GENEVE
OPINION
L’invité
Question pour un champion: où est Timor? Pas facile de situer cette île perdue sur une carte du monde.
Petit rappel historique: Timor est situé entre l’Australie et l’Indonésie. Sa partie orientale, Timor-Est, constitue aujourd’hui l’un des plus jeunes pays du monde. En 1975, avec l’aval cynique des États-Unis, le gouvernement indonésien du général Suharto a envahi ce territoire et y a mené une des plus dures occupations du XXe siècle, faisant suite à quatre cent cinquante ans de colonisation portugaise. Un référendum d’autodétermination en 1999 a ouvert la voie à l’indépendance du pays en 2002.
Ayant travaillé pour le CICR durant les années noires de cette île en forme de crocodile, j’y séjourne actuellement pour documenter certains aspects de son histoire mouvementée. Avec un ancien collègue historien, nous revenons sur les lieux du crime pour retrouver des amis, recueillir des témoignages et évoquer les disparus.
Il faut dire que l’action du CICR – quasiment l’unique acteur humanitaire pendant un quart de siècle d’occupation militaire – a laissé des traces indélébiles auprès de la population. Des milliers de vies ont été sauvées, que ce soit dans les centres nutritionnels, dans les prisons et dans les dispensaires. Les dirigeants actuels du pays le savent bien, à commencer par le président Jose Ramos Horta et le charismatique premier ministre Xanana Gusmão, visité durant sa captivité.
Aujourd’hui apaisé, le pays vit une transition rapide, mélange de réussites et de dérapages. Il faut saluer le fait que Timor-Est, imprégné de valeurs chrétiennes, a su entamer le chemin de la réconciliation avec son puissant voisin indonésien qui lui a fait tant de mal. Dans ce pays le plus chrétien d’Asie – mais aussi le plus pauvre – la présence de l’Église est manifeste, tant dans la capitale Dili qu’en zones rurales. A l’instar des Salésiens, diverses congrégations contribuent à l’éducation et à la solidarité sociale. La visite du pape François en septembre prochain devrait stimuler encore davantage la ferveur religieuse de ce peuple imprégné de traditions animistes.
Sur le plan économique, le développement des infrastructures est en plein essor. Cela dit, le défi numéro un a pour nom le pétrole. Son exploitation en mer de Timor fait encore l’objet d’âpres négociations avec le voisin australien et ses revenus représentent 80% du PIB, soit plus de 90% du budget de l’État. Hélas la gestion de cette manne est source de corruption et de déséquilibre. «Le pétrole, c’est l’excrément du diable!» dit-on au Venezuela. L’afflux de milliards de dollars se traduit par des importations massives en nourriture et en biens de première nécessité, au détriment de la production locale. Résultat des courses: l’autosuffisance est en berne, l’agriculture à la remorque tandis que les écarts se creusent entre riches et pauvres. Faute de diversification économique, de nombreux jeunes quittent leur nation naissante, guettée par l’épuisement de ses ressources en hydrocarbures.
En coulisses, certains esprits éclairés de la jeune génération appartenant à ce que D.H. Lawrence identifiait comme «la seule aristocratie, celle de la conscience» se réveillent, tel le crocodile, l’animal sacré des Timorais. D’une nonchalance attentive, ils visent à mettre un frein aux abus tape-à-l’œil de la logique de l’argent et à favoriser une vision plus en phase avec les enjeux de la modernité.
publié par Association France Timor Leste @ 5:32 AM,
La région Asie du Sud-Est, une mutation des territoires
Publié le 2024/08/08
- La région Asie du Sud-Est
- Une mutation des territoires
publié par Association France Timor Leste @ 2:30 AM,
Cinq jours au Timor - interview de Morgan Segui
Publié le 2024/07/06
https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/accident/video-au-timor-leste-ce-francais-a-survecu-5-jours-dans-la-jungle-apres-une-chute-de-7-metres_6645315.html
Au Timor-Leste, ce Français a survécu 5 jours dans la jungle après une chute de 7 mètres
publié par Association France Timor Leste @ 9:40 AM,
"Cinq jours au Timor", de Morgan Segui, en librairie
Publié le 2024/06/16
publié par Association France Timor Leste @ 3:12 AM,
Récit "Cinq jours au Timor", de Morgan Segui, vient de paraître
Publié le 2024/05/26
Dans le journal "L'équipe" en ligne, un article de Chrystelle Bonnet réservé aux abonnés
Morgan Segui : « Une demi-journée de plus sans eau, c'était fini »
Morgan Segui, aventurier âgé de 46 ans, raconte dans la rubrique « Fenêtre sur corps » du « Magazine L'Équipe » revient sa chute en montagne et les cinq jours de survie qui ont suivi. Un récit que Morgan Segui raconte dans son ouvrage, « Cinq jours au Timor ».
publié par Association France Timor Leste @ 8:20 AM,
Histoire de la résistance timoraise : "Os Timorenses (1980-1988)"
Publié le 2024/05/18
Joana Ruas, journaliste et écrivain, a commencé son oeuvre romanesque avec le roman de thématique timoraise intitulé "Corpo colonial". S'en est suivi "O claro do vento do mar", "A pele dos séculos" et "Das estações entre portas".
Elle a travaillé pendant des années à l'écriture d'e l'aouvre au titre générique "A pedra e a fiolha", comme dit plus haut.
Par ailleurs, elle a publié ses poèmes dans diverses revues et journaux : Agulha, Triplov, La Otra 26, Devir...
publié par Association France Timor Leste @ 8:48 AM,
Atauro : musiques, danses et beaucoup plus... le projet POPEI (2019-2023)
https://www.youtube.com/@atauropopeitimor-leste3716
Projet en coopération France-Timor Leste.
publié par Association France Timor Leste @ 8:04 AM,
INDONÉSIE – Adoubé par Jokowi, le général Subianto s’impose facilement dans les urnes (une analyse du Crédit Agricole)
Publié le 2024/02/22
Document en téléchargement gratuit sur le site :
https://etudes-economiques.credit-agricole.com/previewPDF/180586
- 21.02.2024
Appelés aux urnes le 14 février, les
204 millions d'électeurs indonésiens ont massivement fait le choix de
la continuité en élisant dès le premier tour Prabowo Subianto, jusqu'ici ministre de la Défense.
Ce dernier s'était en effet fait adouber par Joko Widodo, l'ultra
populaire président sortant qui ne pouvait pas se représenter après ses
deux mandats de cinq ans. Bénéficiant d'un taux d'approbation de près de
70% de la population, il avait brièvement songé à modifier la
Constitution pour briguer un troisième mandat avant de renoncer mais de
placer son fils comme colistier de Prabowo Subianto. Encore jeune (36
ans), ce poste le positionne sur une rampe de lancement pour l'élection
de 2029. Pour conclure cette alliance, Jokowi n'avait pas hésité à
lâcher son propre parti à l'Assemblée, le PDI-P, qui présentait un autre
candidat.
À 72 ans, l'ancien général Subianto traîne pourtant
une réputation douteuse : ancien commandant des forces spéciales sous la
dictature de Suharto (qui dura de 1967 à 1998), il aurait activement
participé aux répressions contre les résistants du Timor oriental dans
les années 1980 et ordonné l'enlèvement et la torture de militants
prodémocratie à la fin de la dictature.
Jamais jugé, il fut
toutefois exclu de l'armée pour « conduite déshonorante » avant de
partir en exil en Jordanie pendant plusieurs années. Candidat malheureux
face à Jokowi en 2014 puis en 2019, ce dernier l'avait fait entrer au
gouvernement lors de son deuxième mandat comme ministre de la Défense,
tout un symbole.
En concluant un accord avec le président sortant, la victoire de Subianto était presque assurée. Il n'empêche que le score obtenu (environ 55% des voix selon les résultats encore provisoires) est largement au-dessus de certaines estimations, qui anticipaient un deuxième tour. Son plus proche concurrent, l'ancien gouverneur de Jakarta, Anies Baswedan aurait obtenu environ 25% des suffrages.
Au-delà des 5%
C'est sans doute ce chiffre qui caractérise le mieux l'économie indonésienne qui, hors Covid, affiche une stabilité déconcertante avec une croissance à 5% depuis environ dix ans.
Si cette performance rendrait jalouse n'importe quelle économie de la
zone euro, elle reste insuffisante pour un pays comme l'Indonésie,
encore au stade d'économie à revenu intermédiaire bas, n'ayant de
surcroît pas achevé sa transition démographique.
Si Jokowi peut
se targuer d'avoir fait bondir le PIB indonésien de plus de 40% en dix
ans, ce taux de 5% demeure insuffisant pour absorber tous les nouveaux
entrants sur le marché du travail, dans un pays où l'âge médian reste
inférieur à 30 ans et où 25% de la population a moins de 14 ans.
Un
long chemin a déjà été parcouru depuis les crises asiatiques de la fin
des années 1990, qui avaient laissé une réputation d'économie « fragile »
à l'Indonésie, surtout sur le plan monétaire. Depuis, le pays a
grandement renforcé ses politiques macroprudentielles pour limiter et
éviter les chocs liés aux déséquilibres externes. Et avec succès : en
2022 et 2023, la banque centrale a mené une politique monétaire
orthodoxe, mais graduelle, afin de ne pas trop étouffer l'activité.
L'inflation
est demeurée relativement contenue grâce à l'effet combiné de la
politique monétaire et de mesures de contrôle des prix
(subventions sur les carburants et certains produits alimentaires,
restrictions aux exportations sur l'huile de palme notamment). La roupie
indonésienne a tenu le cap face au dollar, bien mieux que la plupart
des autres devises émergentes, en ne se dépréciant que de 9% environ par
rapport à début 2022, avant le choc inflationniste de la guerre en
Ukraine et le mouvement d'appréciation du dollar.
Sur le
plan budgétaire, l'Indonésie a renoué avec la rigueur et rempli son
objectif d'un déficit public inférieur à 3% du PIB dès 2022
(cette contrainte avait été relâchée en 2020 et 2021 en raison du
Covid). Le pays est aussi celui qui présente la dette publique la plus
faible des économies de l'Asean et du G20 (environ 38% du PIB). De quoi
laisser encore de la marge pour prolonger l'effort en investissements
entrepris par Jokowi.
Subianto dans la continuité
C'est
d'ailleurs sur cette promesse que Subianto a été soutenu par le
président sortant : celle de continuer les dépenses d'investissements en
infrastructures, à commencer par le projet de transfert de la
capitale sur l'île de Bornéo, chiffré autour de 35 milliards de dollars
et qui devrait s'échelonner sur vingt ans. Incarné et porté par Jokowi,
la nouvelle équipe sera garante de son exécution, la première partie du
chantier devant être livrée dès août 2024. À cela s'ajoutent de nouveaux
projets dans le domaine des transports et de l'énergie. Si le pays
avait profité de capitaux chinois entre 2013 et 2018, le ralentissement
des financements liés aux Nouvelles routes de la soie va le contraindre à
chercher de nouveaux investisseurs étrangers.
L'autre enjeu est de réussir à valoriser les ressources naturelles du pays, notamment le nickel.
Pour ce faire, l'Indonésie a imposé des taxes sur les exportations de
produits non raffinés ou transformés, afin d'encourager les
multinationales à remonter les chaînes de valeur sur place, et donc
d'exporter des produits à plus forte valeur ajoutée. Pour l'instant,
cette stratégie n'a pas vraiment eu l'effet escompté : les capitaux
chinois ont afflué, alimentant les craintes européennes et américaines
sur cette nouvelle filière. Résultat, la production reste pour l'instant
réservée au marché chinois plutôt bas de gamme, et une grande partie de
la transformation s'effectue toujours en dehors du pays.
Très protectionniste, ce qui tranche par rapport à ses voisins asiatiques (Malaisie, Philippines, Thaïlande) mieux intégrés, l'Indonésie est encore comme bloquée entre deux stratégies de développement
: celle consistant à compter sur son marché intérieur pour assurer sa
croissance, et celle consistant à s'ouvrir un peu plus pour que d'autres
puissent en profiter.
Cette ambivalence se retrouve
aussi au niveau des relations internationales : Jokowi a veillé à
conserver une position neutre entre la Chine et les États-Unis, en
profitant du meilleur des deux mondes. Gros client des
investissements et capitaux chinois, le pays s’est toutefois rapproché
militairement du bloc atlantiste. Une ligne de crête difficile à tracer,
qui n’est pas sans rappeler celle que son voisin indien – avec lequel
l’Indonésie partage de nombreuses similitudes – essaye aussi de dessiner
non sans mal. Un « multi alignement » qui pourrait trouver ses limites
si les tensions sino-américaines venaient à s’exacerber encore plus.
Article publié le 16 février 2024 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine
Très protectionniste, ce qui tranche par rapport à ses voisins asiatiques (Malaisie, Philippines, Thaïlande) mieux intégrés, l'Indonésie est encore comme bloquée entre deux stratégies de développement : celle consistant à compter sur son marché intérieur pour assurer sa croissance, et celle consistant à s'ouvrir un peu plus pour que d'autres puissent en profiter. Cette ambivalence se retrouve aussi au niveau des relations internationales : Jokowi a veillé à conserver une position neutre entre la Chine et les États-Unis, en profitant du meilleur des deux mondes. Gros client des investissements et capitaux chinois, le pays s'est toutefois rapproché militairement du bloc atlantiste.
Sophie WIEVIORKA, Economiste - Asie (hors Japon)publié par Association France Timor Leste @ 1:55 AM,